Directeur des Études Internationales et Expert Résident Mathieu Duchâtel est le directeur des études internationales de l’Institut Montaigne. Il a vécu dix ans entre Shanghai, Taipei et Pékin. Ses travaux portent sur la sécurité économique, et sur les questions stratégiques en Asie. Il a notamment été Visiting Scholar au Centre de l’Union européenne de la National Taiwan University en 2023, en tant que Taiwan Fellow.Cette note s’inscrit dans une série de scénarios de court et moyen termes explorant les trajectoires possibles dans lesquelles certains pays pourraient s’engager afin d’anticiper les évolutions.2024, année électorale à Taiwan et aux États-Unis, marque le début d’un nouveau cycle de quatre ans pour le détroit de Taiwan. Si la pression militaire chinoise contre l’île a atteint depuis 2019 des proportions inédites, la préférence de Pékin pour des actions d’érosion du statu quo permet d’écarter pour l’heure le spectre d’une guerre dévastatrice pour la région – et pour l’économie mondiale.Mais elle soulève un enjeu de tolérance au risque, tant elle joue sur les perceptions et les peurs, en particulier celles des acteurs économiques. Il ne fait aucun doute que les entreprises étrangères en Chine et à Taiwan risquent de devenir les cibles indirectes du calcul stratégique de Pékin, si elles n’en sont pas un jour des victimes collatérales.Cette note d’éclairage, qui repose notamment sur des entretiens conduits auprès de nombreux acteurs de la sécurité et du monde économique à Taiwan et en Europe, met en avant deux scénarios d’intensification de la coercition chinoise à l’horizon 2028. Le premier réside dans le recours à une législation de sécurité nationale pour Taiwan, qui s’inspirerait de la loi décidée pour sceller le sort de Hong Kong en 2020. Le second serait une intrusion chinoise à l’intérieur de la ligne des douze milles nautiques, qui ouvrirait une séquence de crise grave dans le détroit.En donnant à voir les implications que chacun de ces scénarios aurait pour la France et pour l’Europe, l’auteur propose une série de recommandations visant à dépasser le sensationnalisme médiatique et à empêcher que des mouvements de panique individuels ne neutralisent une action collective ordonnée, autour de trois lignes directrices : tolérance lucide aux risques, diversification économique et cohérence européenne. Note d’éclairage (62 pages)
